Une vérité selon Faulkner

Faulkner m’a fait apparaître le Roman, comme plus tôt Rilke m’a rendu la Poésie réelle. Depuis quelques semaines, je m’enchaîne les livres (Absalon,Absalon, pour commencer, puis Pylône, Lumières d’août et à présent Tandis que j’agonise). Dans le désordre, avec chaque fois l’impression de plonger dans un univers à part entière, qu’il me faudra plusieurs pages pour appréhender. Et pourtant, même si la langue d’un livre à l’autre change sensiblement, toujours ce flot brut de réel qui affleure, au détour d’une page :

« Elle me regarde : je peux sentir ses yeux. C’est comme si elle s’en servait pour me repousser. J’ai déjà vu cela chez d’autres femmes. Je les ai vues chasser de leur chambre ceux qui s’approchaient d’elles avec sympathie et pitié dans l’intention de les aider, et s’attacher à quelque sale animal pour qui elles n’avaient jamais été que des bêtes de somme. C’est ce qu’on entend par l’amour qui passe la compréhension : cet orgueil, ce désir furieux de cacher l’abjecte nudité que nous apportons au monde avec nous, que nous transportons avec nous dans les salles d’opération et que, avec un entêtement furieux, nous emportons avec nous dans la terre. »

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